La Géomancie : Mise ‘aux points’

Par Melmothia

La géomancie est une technique divinatoire basée sur le tirage au hasard de figures, chacune composée de quatre étages pouvant comporter un ou deux points. Tandis que le cousin Yi-king admet 64 hexagrammes sur le même principe – des figures composées de lignes d’un ou deux points [1], la géomancie n’en compte que 16. On ignore cependant à quelle époque ni comment ce nombre s’est fixé.

Le terme vient du bas latin geomantia, lui-même issu du grec guéo-mantéia, et signifie littéralement « divination par la terre ».

Une confusion, imputable aux missionnaires chrétiens parcourant la Chine au XIXe siècle, a consisté à nommer géomancie l’art ancestral du feng-shui. Si les termes sont désormais distincts dans le lexique français depuis les années 70, il n’en est pas de même dans toutes les langues, notamment chez les anglo-saxons où geomancy tend à désigner indifféremment les deux domaines.

Cette confusion vient s’empiler sur une première : Paul Tannery, qui s’est attaché le premier à retracer l’histoire du mot, souligne que, bien que d’étymologie grecque, le terme géomancie n’apparaît dans aucun manuscrit en grec ancien pour désigner cette forme de divination. Les Arabes emploient raml (sable) tandis que les auteurs byzantins utilisent rabolion. Le terme geomantia, quant à lui, désigne dans l’Antiquité l’interprétation des signes naturels liés à la terre : éruptions volcaniques, tremblements de terre, etc.

Son emploi pour désigner « l’art de faire des points dans le sable » daterait du Moyen Age, époque où l’on s’efforce de faire rentrer le rabolion dans la classification élémentaire des arts divinatoires, toujours très en vogue depuis Varron. Puisqu’on a l’hydromancie, la pyromancie et aéromancie, il peut sembler commode de ranger la géomancie dans le tiroir du quatrième compère avec rime en –mancie. A la fin du Moyen Age, le terme géomancie ne s’appliquera désormais plus qu’à la technique orientale de divination par les points. Exit les secousses sismiques.

Si je vous parle de ces glissements lexicaux, a priori anecdotiques, c’est que des générations entières d’auteurs s’appliquent à aborder la géomancie par l’étymologie du terme. Or, penser que celle-ci est susceptible de livrer une vérité sur l’objet est déjà hasardeux ; dans le cas de la géomancie, l’étymologie étant d’emblée capricieuse, la démarche est doublement erronée.

Erronée, mais pas innocente. Le flou idéologique qui s’ensuit va servir cette manie de sacralisation très à la mode dans le domaine divinatoire. On lit ainsi que la géomancie permet la connexion avec les esprits profonds de la terre, les énergies du sous-sol, notre grande mère Gaïa, ou d’autres salades du genre.

Elle ne moud pas encore le café mais ça devrait venir.

Or le fait de travailler, les mains dans le sable ou avec des cailloux, n’implique en rien que les forces telluriques soient convoquées à la fête. D’autant que si l’on considère les figures, celles qui sont liées à l’élément Terre ne sont pas les plus sympathiques. Si Cauda draconis a en effet le pouvoir de vous ramener à la Terre-Mère, c’est de préférence en transitant par la racine des pissenlits.

Je vous suggère donc de laisser Gaïa tranquille. Non qu’il soit impossible de travailler avec les Eléments ou les archétypes, cependant la plupart des affirmations visant à attribuer des super pouvoirs aux supports divinatoires sont des envolées lyriques purement décoratives, un peu comme si je vous disais que de mettre des glaçons dans votre martini allait vous mettre en contact avec les Dieux inhuits.

Si la géomancie utilise parfois de la terre ou du sable, elle n’est en aucun cas un vecteur de forces transcendantes ou primordiales. Elle se contente d’être une technique divinatoire, et c’est déjà pas si mal.

1. La science du sable

Les origines de la géomancie continuent à alimenter les querelles d’historiens, certains la souhaitant chinoise, indienne, perse ou grecque. S’il n’est pas exclu que les premiers théoriciens aient pu trouver ailleurs les bases permettant d’élaborer ce système, il n’en reste pas moins que cet art s’est développé sous la forme que nous lui connaissons dans le monde arabe.

Outre que les premiers traités qui nous sont parvenus sont en langue arabe, le sens de construction des figures et leur placement dans l’Ecu, de droite à gauche, laisse supposer que la géomancie est née ou a été transformée au sein d’un peuple maniant une langue sémitique. Les textes grecs et latins, dont aucun n’est antérieur au XIIIe siècle, sont tous tributaires des œuvres arabes et se donnent souvent comme des traductions.

Quant aux différentes formes contemporaines, présentes notamment sur le continent africain, elles dérivent toutes de la géomancie arabe médiévale véhiculée par les conquêtes de l’Islam :

« L’expression arabe traditionnelle est « Khet’t er Remel », « écriture sur le sable »; cette racine « Rmel », ou « Raml », se retrouve au Soudan où le procédé est nommé « Ramouli », aux Comores où nous avons « Ramli », à Byzance, avec « Ramplion » ou « Rabolion ». L’appellation Bambara «laturu» viendrait de l’arabe « al teret », la terre. Mais par ailleurs, les Sara –sud du Tchad- nomment la géomancie « Gara » de « qr’ » qui désigne en arabe le fait de lire, d’étudier (Koran a la même origine). A Madagascar, la géomancie se dit « Sikidy », de « sikl» qui est « figure » en arabe. Etc. » [2].

Au XIIe siècle, la géomancie arrive en Europe avec les sarrazins. Les figures prennent alors des noms latins. Ces appellations demeurent, parallèlement avec leur traduction dans la langue en usage dans chaque pays : fortuna, cauda draconis, etc. (prononcez fortouna et caoda draconiss pour faire savant).

Désormais, les textes se multiplient, des traités souvent recompilés à partir des mêmes sources qui seront imprimés et traduits dans presque toutes les langues européennes. Aux textes arabes va ainsi s’ajouter un énorme corpus de traités en latin et en langue vulgaire.

A la renaissance la géomancie connaît un grand succès, avant de tomber en désuétude supplantée par d’autres arts divinatoires, plus accessibles aux classes populaires notamment l’astrologie. Elle subira aussi la montée du rationalisme qui la relègue au rang des superstitions. Il faudra attendre les cercles occultistes du XIXeme et du début du XXe siècle pour la voir revenir à la mode et finalement, gagner le grand public.

2. De nos jours

L’avantage de la géomancie, par rapport à d’autres supports de divination comme les Tarots ou les runes dont les vocations premières sont toujours sujettes à débat, c’est qu’elle a été d’emblée conçue pour la voyance. Ce constat n’en fait pas un meilleur outil, plus performant ou calibré, mais contribue à diminuer considérablement la consommation d’aspirine des chercheurs. Car s’il demeure des points encore sujets à discussions, ils ne sont pas susceptibles de bouleverser le regard que nous avons sur cet art dont l’histoire et les techniques sont plutôt bien connus.

L’étude des traités d’origine arabe a été inauguré à la fin du XIXeme siècle par Paul Tannery et Carra de Vaux (Mémoires scientifiques, 1920), puis poursuivie par des chercheurs contemporain comme Thérèse Charmasson (Recherches sur une technique divinatoire: la géomancie dans l’occident médiéval, 1979). Par ailleurs, tandis qu’elle déclinait au XVIeme siècle en Occident, des voyageurs observent en Afrique des pratiques de géomancie qu’ils décrivent dans leurs ouvrages. A ce corpus s’ajouteront les observations d’éthnologues contemporains comme Robert Jaulin (La géomancie, analyse formelle, 1966) ou Wim van Binsbergen.

A l’heure actuelle, la géomancie est, de tous les arts divinatoires, le plus répandu en Afrique et dans la péninsule Arabique, avec des variations d’appellations et de pratiques selon les cultures. Au cours des siècles, se sont ajoutés des innovations, transformations, enrichissements. Chacun y est allé de sa petite réforme et les bâtonnets ont pris la couleur locale.

Carte extraite de Géomancie, Pratiques et interprétations, Philippe Dubois, Albin Michel 1987.

Il n’y a donc pas une ni même dix formes de géomancie, mais des centaines de variations autour de quelques principes communs, auxquelles s’ajoutent des prescriptions étrangères au système lui-même, de nature culturelle ou religieuse.

Les techniques comme le matériel utilisé vont donc énormément varier d’une culture à une autre: graines jetées sur un support à Madagascar, noix de kola ou de palme en Afrique occidentale et équitoriale. Au bas Dahomey, ce sont des demi noyaux de mangue qui sont utilisés. Le tirage peut se faire à même le sol ou sur un support (planche à sable des Comores, plateau de Fa du Dahomey), etc.

En Europe, si les premiers ouvrages ‘modernes’ sur la géomancie divinatoire datent des années 30, avec notamment le livre d’Hadji Khamballah, La géomancie traditionnelle, cet art connaît surtout un essor dans les années 80, en même temps que d’autres techniques divinatoires. A l’heure actuelle, l’Occident contemporain connaît deux façons d’aborder la géomancie:

– Soit en tirant une ou plusieurs figures isolées, méthode en cours dans la tradition africaines et adoptée notamment par Maud Kristen dans son ouvrage La pratique des arts divinatoires.

– Soit en suivant la tradition médiévale qui l’a mariée à l’astrologie, c’est-à-dire en calculant le thème géomantique. C’est l’approche généralement choisie par les ouvrages traitant du sujet.

3. Géomancie et astrologie

Un parallèle est traditionnellement effectué entre géomancie et astrologie, au point que certains n’hésitent pas à la qualifier « d’astrologie de la terre » ou de « petite sœur de l’astrologie ».

S’il est impossible de dater les premières étapes de ce rapprochement, il s’est surtout déployé à la Renaissance [3], en même temps que des occultistes comme Cornelius Agrippa inauguraient une utilisation magique des figures géomantiques en les intégrant dans des sceaux et des talismans, démarche qui a sans doute favorisé l’amalgame. A force d’acoquiner les figures avec les éléments, les planètes et les animaux de la forêt, sans doute qu’on a fini par tenir pour acquise leur parenté avec les constellations, et il est vrai que si l’on remplace les points par de petites étoiles, non seulement c’est très joli mais on a tout de suite envie d’inférer :

Le rapprochement va assurer un certain succès à la géomancie dont on nous dit qu’elle est beaucoup plus rapide et moins complexe à utiliser que l’Astrologie : « A l’astrologie, «art sublime, mais fatigant», les Perses ont trouvé moyen de substituer «Tèn tou ladzeutériou téchné» qui n’est autre que l’astrologie rendue plus facile, quelque chose comme l’astrologie en chambre » [4].

Moins complexe ?… De sa grande soeur, elle récupère en priorité le versant mathématique. S’ensuit une complexification notable du système, au point qu’on peut se demander si les auteurs n’ont pas compliqué les pratiques à loisir parce qu’ils souffraient du complexe des figures tirées au hasard. Il faut introduire des subtilités, allonger la liste des règles, par souci d’enrichissement du sens, mais également pour rattraper l’astrologie dans la cour des arts « rigoureux ». Car outre leur intérêt technique, ces sophistications satisfont à une double illusion : si on fait des calculs, c’est donc scientifique, et seul ce qui est scientifique est sérieux. Deux idées fausses mais qui font toujours leur petit effet.

Et la tactique ne date pas d’hier. Face aux accusations de l’Eglise et au mépris pour « les professions des phythonysses, Sortylèges, Augures, Auspices », les géomanciens de la Renaissance vont se réfugier dans le giron de l’astrologie : « Si une personne, au jugement corrompu, s’avise de prétendre que cette science est pernicieuse, condamnable et traite de divination, je le prierais de ne pas parler aussi légèrement des sciences […] Et dès lors, il s’apercevra de son erreur. Car cette science ne consiste pas en enchantement, ni divination qui se pratique par invocation diabolique. Elle appartient à la Magie Naturelle et est nommée par de grands hommes « Fille de l’astrologie » […]. Saint Thomas d’Aquin lui-même, docteur de l’Eglise, et pas de moindre réputation, écrit dans son Quolibet, qu’on peut l’admettre car elle participe de l’astrologie et qu’elle en est la fille » [5].

Ajoutons à cela ce qu’on pourrait appeler « le fantasme de l’expertise » : l’apprentissage doit être long et douloureux, car ne s’improvise pas voyant qui veut. A défaut d’être ‘élu’ -ce fameux don de naissance-, les praticiens vous promettent un véritable parcours du combattant pour prétendre les égaler.

Rapidement le rapprochement avec l’astrologie devient constitutif du domaine, au point qu’il est difficile à l’heure actuelle, en Europe, de parler de géomancie sans évoquer les domifications, aspects, etc. empruntés à sa parente. On parle couramment de géomancie astrologique.

En réalité, si l’on y regarde de près, les systèmes apparaissent comme très différents. La position des astres n’entre nullement en jeu dans le montage du thème géomantique, et tandis que l’astrologie se veut mathématique et astronomique, la particularité de la géomancie réside dans le tirage au hasard des 4 premières figures dont les autres découlent. Le calcul est secondaire à tous les sens du terme: il est facultatif et/ou s’effectue dans un deuxième temps.

Enfin, alors que le thème astrologique propose une vue d’ensemble, le thème géomantique ne sert généralement qu’à répondre à une seule question, le praticien allant regarder dans la maison correspondant à la question posée.

Pour rattraper la mayonnaise, les praticiens auront tendance à évoquer le «moment de la question» qui ne saurait être un hasard, puisque l’esprit du consultant entre en résonance avec le cosmos et quelques autres paramètres du même goût. Si les astres ne collaborent pas en ligne droit, alors passons par la fenêtre et considérons que le message à déchiffrer vient du fin fond de l’univers, CQFD, livraison express de l’astrologie dans les bâtonnets.

Tout ça pour dire que le rapprochement de ces arts divinatoires peut être enrichissant, mais il ne va nullement de soi, contrairement à ce que prétendent la plupart des auteurs. Il n’existe pas de lien nécessaire entre la géomancie et les astres, mais une alliance de circonstance, au point qu’il y a quelques siècles, de la Taysonnière écrivait qu’il souhait voir la géomancie « séparée de l’astrologie, repurgée de superfluitez qui l’offusquoyent et réduite à sa pure simplicité et vraye parité ancienne » [6].

4. La représentation des figures géomantiques

Plusieurs types de notations existent pour les figures même si la plus courante est celle à base de points. On peut par exemple rencontrer des graphies où les étages comportant deux points sont réunis sous la forme d’un trait, tandis que d’autres auteurs schématiseront la figure dans son ensemble par des traits ou des formes géométriques :

Melmothia, 2006.

[1] Le nombre d’arrangements avec répétition de n signes est égal à ce nombre à la puissance x (nombre de tirages). Ici, n=2 signes (le couple pair/impair) et x=4 (4 lignes), soit 24 = 16.

Dans le cas du Yi-King, n=2 et x=6, soit 26= 64.

[2] Robert Jaulin, La géomancie analyse formelle, Mouton & Co, Ecole Pratique de Hautes études, 1966, p.12.

[3] Selon Thérèse Charmasson, Barthélemy de Parme pourrait être le premier à avoir développé de façon conséquente cet aspect, même si d’autres avant lui, notamment Hugues de Santalla, avaient déjà proposé un classement des figures géomantiques en relation avec les signes du zodiaque et les planètes.

[4] «A propos du “lax-eutêrion” », A.M. Desrousseaux (1886) sur le site Geomance Editions.

[5] Gabriel du Préau, traduction de la Géomance du Seigneur Christofe de Cattan, gentilhomme genevois, 1558. Cité par Jean Céard dans « Jeux et divination à la Renaissance », In Les jeux à la Renaissance, Jean-Claude Margolin & Philippe Aries, Paris, Éditions Vrin, 1982. Le passage a été mis en français moderne par moi-même.

[6] Cité par Robert Jaulin, La géomancie analyse formelle, Mouton & Co, Ecole Pratique de Hautes études, 1966, p. 28. Le titre entier du traité est La Géomance par laquelle on peut prévoir, deviner et prédire de toutes choses doubteuses et incertaines. Science, répurgée des superfluitez qui l’offusquaient, séparée de l’astrologie et réduite à sa simplicité et vraie pureté ancienne pour les gens d’esprit par tables brièves et familières, 1575.

Bibliographie Sélective

Recherches sur une technique divinatoire, la géomancie dans l’Occident médiéval, Thérèse Charmasson, Droz, Paris-Genève 1980

La pratique des arts divinatoires, Maud Kristen, TF1 Editions, 1997

La géomancie un art divinatoire, Alain Le Kern, Editions du Rocher, 1978

Géomancie, Pratiques et interprétations, Philippe Dubois, Albin Michel 1987.

La géomancie analyse formelle, Robert Jaulin, Mouton & Co, Ecole Pratique de Hautes études, 1966

La géomancie traditionnelle, Hadji Khamballah, 1935, réédité chez Guy Trédaniel en 1997.

La géomancie, cours pratique, Roger Gascon, De Vecchi, 1990.

La Géomancie arabe et ses miroirs divinatoires, Robert Ambelain, Robert Laffont, 1984.

Commentaires 15

  • Je suis un initié de la géomancie africaine. Ce que je peux dire, c’est qu’il s’agit de quelque chose de vivant. Les figures géomantiques sont vivantes et nous parlent comme nous nous parlons. Comme le disait l’autre, c’est la base n°1 de l’ordinateur. Les maîtres géomants doivent, pour une meilleure compréhension, détailler chaque signe dans la phase défensive et dans la phase offensive.

  • Bonjour,

    Il y a d’énormes différences d’interprétation des figures géomantiques entre le « Fa » et la géomancie arabo-latine transmise par Tum-Tum Al Hindi via Zenati, et Hugo Sanctalliensis qui en fut sans doute le meilleur traducteur, et cependant, l’oracle fonctionne au sein de chaque foyer culturel. Pour compléter le bref commentaire de Bengaly, je dirais que la pratique géomantique doit nécessairement s’accompagner d’une réflexion métaphysique de l’ordre de la géométrie sacrée. C’est d’ailleurs ce à quoi se réfèrent les sources du Yi-King. Je suis convaincu qu’il existe un langage initiatique d’expérience vivante entre les figures et les contenus psychiquement éprouvés, et même une guidance de l’esprit, parvenant à dépouiller le support de ses connotations divinatoires pour rejoindre l’essence, conjonction du sensible et de l’intelligible.

  • Il n’y a pas de « tirage au hasard » dans une pratique divinatoire. Il est donc important de distinguer et de préciser au moins deux représentations de ce type de matériel. Une première présentation S1 faisant appel au point de vue de l’observateur scolarisé -laïque -logico-mathématique- au delà des « fantasmes religieux » et des « superstitions » – celui qui ne croit pas plus « père Noël » ou qui se croit au dehors de l’errance superstitieuse des autres, etc . Puis, une seconde présentation S2 -celle que développe tel ou tel groupe de géomanciens. Bref, il est nécessaire de distinguer le « métalangage sur la divination  » S1 du « langage de la divination  » S2 – une description non divinatoire S1 de la géomancie d’une description divinatoire S2 de la géomancie . Votre texte brouille les deux registres – ne serait-ce que par l’appel constant à l’ironie- et à une posture légèrement immature – de suffisance – savante, historique, érudite- par rapport aux pratiques quotidiennes et aux fantasmes (fort importants) que développent les groupes sociaux qui utilisent ces pratiques.
    Pour passer de S1 à S2, il est nécessaire de réussir -à l’intérieur d’une « anthropologie » que j’appelle « transformationnelle »- à préciser les règles de mutation, de « forclusion », de « transformation » (dans un texte scientifique capable d’accéder – si c’est possible- au REEL non idéologique de ces pratiques) qui permettent de passer de S1 à S2, puis de S2 à S1, sans risquer de détruire l’invariant anthropologique de l’observateur – qui circule nécessairement de S1 à S2 dès qu’il va travailler avec des devins indigènes, mais qui , généralement, circule plus difficilement de S2 à S1. Amitiés

  • « Accéder au REEL non idéologique de ces pratiques » est impossible. Ainsi que vous le dites, si l’on regarde le paysage, il y a grosso modo deux camps : les incrédules, assis sur la branche universitaire, qui prétendent filer une méta-compréhension du sujet mais passent à côté la plupart du temps & les « crédules » qui croient en tout et n’importe quoi. Votre vision reflète une certaine réalité sociologique, mais que vous puissiez y adhérer comme étant la meilleure des choses me laisse perplexe, car ce damier implique que l’on soit ou savant borné ou idiot crédule. De mon côté, j’ai l’immaturité de prétendre pratiquer cet art sans vouloir sacrifier les réalités historiques, les seules dont nous sommes à peu près certains. Il est évident que cela donne un melting pot d’objectivité (du moins ce que l’histoire peut nous en livrer) et de subjectivité. Alors pardon de ne pas rentrer correctement dans vos cases, mais c’est ce que j’ai trouvé de moins inconfortable à défaut de ce « réel non idéologique » dont j’ai fait le deuil depuis longtemps. Je pense mes lecteurs assez intelligents pour démêler le tout. Je pense également qu’il n’est pas nécessaire de se tromper ou d’être trompé pour pratiquer la divination. Je pense enfin que les mensonges servent les gourous et les charlatans. Mais si, ainsi que vous semblez le croire, les devins ne se nourrissent que de « fantasmes », ma foi, ça ne devrait pas changer grand chose à l’arrivée.

    Bien à vous,

    Mel

  • « Accéder au réel non idéologique de ces pratiques » est possible.
    Bien à vous

  • Désolée de vous répondre avec retard (les fêtes, tout ça…). Ce que vous affirmez me semble en contradiction avec les deux approches par essence partielles que vous évoquiez dans votre précédent commentaire, mais je n’ai pas peut-être pas compris votre pensée – exprimée fort laconiquement, il faut dire.

    Je ne vois pas comment en l’état actuel du savoir, il serait possible d’accéder à un « réel non idéologique de ces pratiques » puisque, pour commencer, personne n’est d’accord sur la réalité ou non de la divination. Et quand bien même les parapsychologues parviendraient à attraper dans leur filet cette fameuse preuve tant désirée et à la faire avaler aux scientistes (sur un malentendu peut-être ?), cela resterait insuffisant car trop vague, il resterait encore à tisser un corpus explicatif cohérent, car seul le va-et-vient entre observation et théorie permet de cerner un phénomène, proposer des définitions, des lois, etc. Bref, on ne connaît vraiment un phénomène qu’en le théorisant et en appliquant la dite théorie à l’épreuve de la réalité – et vice versa jusqu’au suicide du chercheur. Vous me direz (peut-être) qu’un jour la science pourra le faire, je vous dirai que je n’y crois guère – on n’attrape pas de l’eau avec une fourchette.

    La seule marge de manoeuvre que l’état actuel des connaissances permet est, de la bouche des sceptique la « croyance », de la bouche des adeptes la « conviction ». Je suis du deuxième camp, mais une conviction c’est bien insuffisant pour avoir la prétention d’accéder à un « réel non idéologique ». J’assume la part de subjectivité inhérente à la fois aux pratiques elles-mêmes qui sont toujours intuitives et/ou interprétatives, à la démission des savoirs officiels qui préfèrent dénigrer qu’explorer, aux colorations culturelles des pratiques, etc. Ne pas savoir est inconfortable si l’on compare le funambulisme intellectuel qu’implique la voyance ou l’ésotérisme par rapport au cocon confortable du matérialisme, mais je crains que cet état de fait ne dure longtemps. Raison de plus, il me semble, pour ne pas laisser le n’importe quoi s’installer et s’assurer au moins que les réalités historiques ne sont pas piétinées.

    Bien à vous,

    Mel

  • Rien n’est absolu. Bertaux, vous pouvez donc courir ramasser les restes des découvertes relativistes, et les notions de paradigmes et épistèmè, que vous avez laissé derrière vous, ou bien utiliser plus savament ce cher absolutisme chrétien d’une manière récréative implicant l’orifice anal ; c’est vous qui voyez.

  • @ Bertaux

    Je vous reviens après avoir pris un moment pour examiner votre fameuse « anthropologie transformationnelle ». Pour commencer, vous ne m’avez pas beaucoup aidée, vous auriez pu poster un lien menant au concept. Ensuite, j’ai peiné à pénétrer l’opacité de vos explications, c’est sans doute très clair lorsqu’on y est immergé, de l’extérieur pas du tout. Quand je pense que c’est à moi que vous reprochez une « suffisance savante »… ! Je ne cherchais pas à vous faire concurrence ^^. Bref… Si j’ai bien compris, mais je n’y mettrai pas ma main au feu, vous insistez sur la nécessité de concilier (ou naviguer entre ?) une approche que vous dites « anthropologique » , à savoir externe et soi-disant objective (que j’appellerai Tintin va au zoo) et le vécu spécifique à chaque culture qui admet des variations importantes linguistiques, philosophiques etc. En résumé vous appelez à tenir compte, au delà des nécessités glacées de la « science », de ce qu’on appelle l’interculturalité – à savoir les acrobaties nécessaires au passage d’un univers culturel à un autre pour l’appréhender de l’intérieur. C’est ça ? Si c’est ça, permettez-moi de vous dire que vous inventez l’eau tiède. Vous me faites penser à ces éthologues qui au bout de 20 ans d’études finissent par conclure que le chat miaule. Bien sûr que la question de cette schizophrénie des approches se pose. Elle se pose même douloureusement tous les jours pour les férus d’ésotérisme qui sont condamnés à être disséqués sous des microscopes manipulés par des savants armés de gants de boxe. Et je peux vous dire que l’approche Tintin, dont se satisfont les universitaires, ne donne que de mauvais résultats. Il y a encore pire, la soi-disant démarche « gonzo », en immersion, qui prétend résoudre l’écart mais qui est l’équivalent journalistique du safari.

    Je ne vous dirai pas comment faire votre métier et l’un dans l’autre, vous devez en savoir beaucoup plus que moi sur la géomancie, cependant vous qui êtes férus d’épistémologie – c’est aussi mon cas, vous devez savoir que toute démarche est filtrée par des partis pris épistémologiques, la vôtre s’efforce de concilier savoir universitaire et compréhension que vous dites « ethnologique » des pratiques. Mais c’est le paradoxe de la flèche, approcher ne signifie pas toucher et la position S1 condamne à rester derrière une vitre. Pardon, je suis de plus en plus pessimiste concernant la capacité de la science, ou plutôt de la démarche scientifique, à rendre compte des phénomènes humains.

    Le débat reste ouvert.

    Bien à vous,

    Mel

  • @ Videopunk
    J’ai validé ton commentaire parce que je ne censure jamais, par principe. Mais je crois qu’autant d’agressivité n’était pas nécessaire. A moins que tu n’aies voulu suggérer au commentateur de se laisser pénétrer par la culture… ? ^^.

  • Oui, peut être suis-je trop désabusé. Celà fait bien longtemps que j’ai perdus l’espoir d’éduquer les gens; bien longtemps que je ne crois plus en la victoire d’aucune de mes idées. Que j’ai raison ou pas, j’ai tort de renoncer, mais que veux-tu…

  • Pas mal l’idée de la flèche . La flèche de Zénon rate inévitablement S2 lorsqu’elle vise S2 à partir de S1. Il y a cependant une solution: viser le double de la distance. Pour atteindre S2, il faut viser 2(S2) c’est-à-dire atteindre S2 en transférant son ratage sur 2(S2) . Ainsi peut-on atteindre S2 . Traduction: Pour passer de la maison 1 à un au delà de la maison 3 en visant la maison 4, il faut viser un au delà de la maison 7 pour transférer son ratage dans la maison 8 [votre histoire de Cul c’est-à-dire de parole à l’envers – de Culture – pétante ou pédante- n’est pas loin de cette maison ] . En acceptant de viser la 8 de la 1 par delà la 7, on peut ainsi doubler son temps (au moins fictif) de vie- jusqu’à doubler la 8 et atteindre la maison 16 [qui enrichit la maison 1 par l’arbre de choix que contrôle la maison 15] . Restaurer son NAITRE SOCIAL – un naître historiquement codé – pour ne pas être l’ombre d’un autre – d’un sale transfert – lorsqu’on est pété- le cul sur le sable – sans Histoire- la tête à l’envers sous le « raz le bol de la culture » – c’est un des buts majeurs d’une pratique divinatoire.

    Bonne année 2012

  • bonjour je remercie toute l’équipe
    je voudrais savoir si vous donnez des cours de la géomancie a des gens je souhaite l’apprendre

  • Toute l’équipe, c’est moi 🙂 Pas de cours de géomancie, mais quelques articles sur le sujet. Bonne lecture.

  • Bonjour a tous ,
    je suis tres interesse par la geomancie ,
    je voudrais l’aide d’une personne qui pourait
    m’envoyer dans ma boite un livre , ou autre chose
    qui pourait m’aider dans la pratique .
    Bien a vous , merci d’avance
    nirvananda@yahoo.com

  • Bonjour,
    Je voudrais savoir tout ce qui concerne le signe FA:Gbevouda

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