Par Melmothia
Tandis que l’Europe a préféré la géomancie astrologique ainsi que nous le verrons plus loin, certaines traditions africaines privilégient les tirages à une seule figure, ou avec un petit nombre de figures. Ce parti-pris a été repris notamment par Maud Kristen dans son ouvrage La pratique des arts divinatoires.
Si la façon de procéder est classique (on utilise la technique dite du Jet de point), elle est par principe rapide et dégagée du « thème », autrement dit des sophistications astrologiques.
Concenant le tirage des figures, il faut savoir qu’il n’y a pas de «bonne façon» de procéder. Les premiers géomanciens oeuvraient en traçant des signes dans le sable, les praticiens ont ensuite décidé de se passer du tamis au profit du duo plume/parchemin, puis plus récemment stylo/papier. Aucun n’a été, à ma connaissance, foudroyé par les grands dieux de la géomancie.
Un outil divinatoire est là pour vous servir et non le contraire. Contrairement à ce que beaucoup d’ouvrages préconisent, à savoir coller au plus près des traditions, il est tout à fait naturel d’adapter une technique à sa sensibilité et à la modernité, tout comme chaque culture dans chaque recoin du monde a transformé la géomancie en l’acclimatant à ses croyances et au matériel à disposition.
A votre tour, vous pouvez donc adapter ces techniques, voire inventer une façon nouvelle de tirer les figures. Ce n’est cependant pas un concours d’originalité, le plus important est d’être cohérent avec soi-même. Autrement dit, optez pour la technique qui fonctionne le mieux pour vous. De la même façon, aucune préparation particulière n’est nécessaire. En tous cas, rien du genre « brûlez quatre bougies blanches en récitant l’annuaire à l’envers avant d’opérer ». Bien entendu, si vous ressentez le besoin de ritualiser vos séances, n’hésitez pas à le faire, mais si tracer vos lignes sur un coin de table, entre un café et un bout de sandwich mâchouillé, vous parle d’avantage, eh bien procédez ainsi…
Idem pour le matériel. Pour la géomancie, un bout de papier et un stylo suffisent. Vous pouvez cependant en trouver de jolis et les réserver à cet usage. Vous pouvez également décider de passer votre matériel dans l’encens qui vous conviendra en manière de consécration. Enfin, ceux qui ont à cœur de faire couleur locale ou de poétiser la manœuvre peuvent aussi bien remplir un plateau de sable ou de terre pour y tracer leurs traits ou toute autre sophistication qui leur plaira.
Le Jet de Points :
Rappelons qu’une figure géomantique est constituée de quatre lignes, chacune d’un ou deux points.
La méthode la plus courante pour obtenir une figure de géomancie consiste, après avoir formulé une question, à tracer 4 lignes de points ou de traits sans les compter. Le nombre de points par lignes n’est pas limité. La main trace et la main s’arrête.
Les géomanciens nomment ce procédé le Jet de Points : « On appelle ainsi le tracé sur une feuille de papier de petites barres, un peu à la manière des « bûchettes » de nos études maternelles, qui seront comptées pour savoir si les lignes de points ainsi tracées sont paires, […] Sur une feuille de papier, la personne désireuse de tirer l’oracle tracera des lignes de petits bâtons. La feuille doit être nette; l’espace entre chaque trait aussi régulier que possible […]. C’est un automatisme de la main qui va manifester les lignes ; les barres ne devront pas être comptées au fur et à mesure du tracé. Peu importe la longueur de la ligne. Il faut démarrer et s’arrêter lorsqu’on le « sent ». Commencer donc la ligne et ne cesser que sur la même « pulsion » qui a présidé à son début » [1].
Une fois obtenues ces 4 lignes de traits, on en fait le compte ligne par ligne. Si le total d’une ligne est pair, on marque deux points °°, un nombre impair à l’inverse sera symbolisé par un point °.
Autrement dit :
– Posez une question ; vous pouvez l’inscrire au dos de la feuille.
– Tracez 4 lignes de traits sans les compter en gardant en tête votre question
– Additionnez le nombre de traits par ligne. A chaque ligne, si le nombre est pair, inscrivez deux points OO. Si le nombre est impair, un point O.
EXEMPLE :
/////////////////// 19 traits – impair – °
//////////////// 16 traits – pair °°
///////// 9 traits – impair °
////////////////////// 23 traits – impair °
Pour le coup, on a obtenu la figure puella :
Si Ces « bûchettes », ainsi que les nomment Alain le Kern, sont la façon de procéder la plus courante dans l’Occident contemporain, d’autres manières d’obtenir une figure sont évidemment possibles et toutes sont valables :
Vous pouvez lancer une pièce de monnaie en décidant d’une convention. Par exemple Face = unité et Pile = dualité. En quatre lancers, vous obtiendrez une figure.
EXEMPLE :
Premier lancer : pile °°
Deuxième lancer : face °
Troisième lancer : face°
Quatrième lancer : pile°°
Ce qui donne Conjunctio :
Vous pouvez faire de même avec un ou quatre dés, les chiffres impairs déterminant l’unité, les chiffres pairs, la dualité.
Si vous utilisez 4 dés, prenez bien garde à les différencier auparavant pour savoir dans quel ordre composer la figure géomantique. Des dés de couleurs font très bien l’affaire. C’est personnellement la méthode que j’utilise.
EXEMPLE : Je décide de cet ordre: rouge/ bleu/ bleu foncé/ blanc
Dé rouge 5 °
Dé bleu 6 °°
Dé bleu foncé 4 °°
Dé blanc 2 °°
La figure obtenue est Laetitia :
A noter que cette technique n’est pas une invention moderne puisque des dés à vocation géomantique se trouvent à la Bibliothèque de Téhéran ; leurs faces sont marquées de points destinées à composer des figures.
Une technique africaine consiste à lancer une poignée de graines ou des pierres dans un espace délimité, ceux qui tombent à côté ne sont pas pris en compte. A chaque lancer, on considère la parité ou l’imparité du nombre de caillous tombés dans le plateau pour constituer des figures.
Sur l’image, le nombre de noix tombées dans le plateau est de 6, la tête de la figure sera donc paire °°.
Une variante de cette technique consiste à piocher dans un bol une poignée de graines que l’on compte pour en déterminer la parité ou l’imparité. L’avantage si l’on choisit de travailler avec des cacahuettes ou des pistaches, c’est qu’on peut les manger tout de suite après.
Enfin, il existe sur le marché au moins un jeu de cartes géomantiques, celui de Chantal Méhiel, Geomancia, composé de 32 cartes représentant un cercle, et 32 cartes représentant 2 cercles. Il s’agit comme dans les méthodes décrites ci-dessus, de créer une figure par tirage au sort.
Melmothia, 2006.