Par Endemoniada
Première partie : 66, le chiffre de la route
Eté 1988, ma situation financière est confortable. Mon cabinet de voyance, partagé avec deux collègues débauchés au propre comme au figuré dans une convention ne désemplit pas. Je pourrais me contenter d’écouter les jérémiades des ménagères venues me demander si leur mari est infidèle, une main devant, une main derrière, mais la lassitude finit par me rattraper. La déception est de taille, je supporte de moins en moins le quotidien du voyant qui gravite en ellipse autour de l’axe tridimensionnel argent, amour, santé.
Je pose les plaques, je négocie mes parts et décide que j’ai besoin d’air, des tonnes d’air à comprimer dans mes poumons pour un usage ultérieur.
Dean Moriarty, protagoniste du best seller de Kerouac que je dévore pour la énième fois m’inspire ma trajectoire. Tous deux, nous partageons les mêmes défauts, les mêmes illusions. Je veux goûter à sa vie, aussi romanesque soit-elle, et m’envole pour Frisco avec la ferme intention de laisser cette maison bleue adossée à mon échine. De là, je compte rejoindre Santa Monica et emprunter la route 66 le pouce au vent jusqu’à son terminus Chicago, pour ensuite rallier la Côte Est.
Le destin s’en mêle, un latinos aux dents en clavier de piano et ne baragouinant pas un mot d’Anglais m’embarque dans sa GM en taule dentelée. Je vise trop loin dans la direction que je souhaite lui communiquer. On échange juste quelques noms très propres, New-York ? Washington ? Si, si Ouachington me sourit-il. Je lui offre ma barrière d’émail et, en plein décalage horaire, je m’endors dans cette épave qui va contribuer à me ruer vers l’est. Du moins jusqu’à ce que dame homonymie ne se décide à me tromper.
Washington, c’est aussi un état, au nord-ouest des États-Unis, soit complètement à l’opposé de sa duelle capitale du district de Columbia. Les aspérités de l’asphalte me réveillent et le paysage me déroute. Sur notre gauche, on aperçoit au loin un océan trop pacifique pour être honnête. Je commence à mesurer l’étendue de ma méprise et m’engage dans un dialogue de sourd avec le cocher, qui fidèle à la fable, va de pair avec les mouches par cette chaleur étouffante. Il gesticule en tentant de me rassurer, me sort une carte de la boîte à gants et cette fois je réalise pleinement mon erreur, Seattle approche à grands pas. J’hésite. Une heure passe encore et finalement, je lui fais signe de m’arrêter à un « Diner » qu’annonce un panneau criblé par la rouille. Je prends congé de mon Sancho Panza en lui glissant un billet tout en lui mimant une pompe à essence, exercice périlleux, où il pourra abreuver son monstre.
Seconde erreur, l’un des clients du relais a dû apercevoir l’endroit d’où la manne verte a jailli : une poche de mon sac à dos alorsqu’à l’accoutumée, je remets tous mes bijoux au bon soin d’un marsupial en coton.
Savourant le parfum d’aventure qui ruisselle de mon cheese, je me restaure dans cet endroit où consommer, c’est vivre dangereusement. En dépit des circonstances, je me sens léger, j’ignore cependant que je le serai plus encore quelques instants plus tard. Mon appareil digestif sorti de la léthargie due à l’inconfort du voyage, me pousse vers une porte où s’affiche un personnage masculin stylisé. La pudeur m’autorise à ne pas faire dans le détail, tous les trônes se ressemblent. Lorsque j’en descends enfin, j’ai perdu l’essentiel de mon royaume, il a poussé des ailes à mon sac à dos.
Je me heurte à des haussements d’épaules. See no evil, speak no evil, hear no evil, l’assemblée me rejoue l’armée des trois singes. Je jette sur le zinc le peu de ferraille qu’il me reste au fond de mon 501 pour payer ce que j’ai consommé, le crime l’est aussi. Je m’accroche désespérément à mon dernier nerf pour ne pas craquer devant ce parterre de rednecks. Dehors, un banc s’offre à moi, qui ne suis officiellement plus personne, mes papiers faisant partie du lot de désolation.
Sous un Phébus oppressant, je fonds en sanglots, maudis ma stupidité, j’en arrive même à prier. Dans le flou gaussien de ma vision rendue saumâtre par les larmes, je suis aussi pantois qu’Ezechiel de voir un char poindre à l’horizon. C’est un modèle japonais, un pick-up Toyota qui s’extrait des mirages enfantés par le soleil et le bitume. Il s’arrête devant le « Diner », à quelques mètres de ma position délicate.
Un colosse de deux mètres cube s’en extirpe avec peine, s’avance vers la porte de l’établissement, croise mon faisceau à demi éteint, se ravise et s’approche. Il est impressionnant, même sans autre apparat que deux nattes se rejoignant sur le torse et soutenant un assemblage hétéroclite de dents, plumes et autres vestiges du règne animal. Ses lunettes fumées me renvoient ma peur de cet autre.
A mon grand soulagement, il se contente de m’interroger, impassible, seuls ses sourcils remuant en une étrange chorégraphie. Je lui raconte brièvement mon histoire dans un Anglais de contrebande, on m’a aussi apparemment piqué mon précis de grammaire intégré. Il éclate d’un rire dévastateur comme la charge d’un troupeau de tatankha et mon cauchemar d’adulte va se muer en un rêve d’enfant. Il m’invite sur la selle de son mustang et plaque l’étrier au plancher. Il parle de tout et surtout de rien en ponctuant chacune de ses phrases de son rire salvadorien.
Sous le capot les chevaux s’attèlent à suivre la trace d’Enyeto, son autre nom, celui chez les « êtres humains » n’étant qu’un label imposé par les coeurs pâles. Le long du tapis routier qui se déroule à perte de vue, les signaux de fer ont succédé aux signaux de fumée. Mon pendentif de l’époque, crux ankhsata, l’intrigue, il en connaît l’origine et me questionne longuement sur le sens que je lui confère.
Je suis flatté d’éveiller la curiosité de celui que je crois être le descendant d’un fier guerrier alors qu’en réalité, je l’apprendrai plus tard, il s’agit de l’homme médecine d’un petit clan bigarré composé de membres de différentes tribus.
A l’extérieur de Wenatchee, une bourgade insipide comme il en existe partout dans le monde, s’est établie une petite communauté, sur une terre qui jadis appartenait aux indiens Wenatchis et qu’ils ont dû racheter avec du papier ayant pour eux autant de valeur que ce traité labouré par les pieds-tendres. C’est par cette succession d’évènements que mes santiags profanes s’établirent l’espace de quelques mois dans la capitale mondiale de la pomme, à laquelle j’ai goûté. Elle se révèlera bien plus savoureuse que ne le sera jamais Big Apple où je prendrais plus tard l’avion qui me ramènerait chez moi après mon périple.
A mon retour d’Inde, je croyais avoir tourné l’une des plus belles pages de mon histoire. C’était sans compter sur la richesse humaine caractérisée par la différence culturelle qui à la fois sépare et rapproche les peuples.
Deuxième partie : La petite maison dans la prairie
A Wenatchee, les majestueux tipis qui décrivaient jadis un cercle ont subi les lois de la quadrature et se sont recroquevillés en mobil homes aux peintures de guerre lasses. Sous la structure de l’habitation dans laquelle je pénètre, les pneus des roues me semblent écrasés par la crainte d’à nouveau devoir fuir devant les Stetson. Enyeto a choisi de vivre en dehors des réserves dont la peau de chagrin qui en dressait la carte, a inexorablement rétréci au cours des années, là où le taux de suicide est de 72% plus élevé que la moyenne nationale. Ceux qui partagent son quotidien vivent sous l’oeil suspicieux de la ville.
A quelques miles de là, des faisceaux malveillants guettent le moindre de leur faux pas dans les figures de la danse discriminatoire qu’elle leur a imposée.
Enyeto est à l’époque, mais je doute qu’il le soit toujours, un des représentants d’une des 7 tribus Lakotas auprès du ministère fantoche des affaires indiennes. Il participe fréquemment aux tables rondes et aux « gatherings » réunissant les siens, tous états confondus. Pour lui, le premier geste essentiel que les descendants amérindiens se doivent d’accomplir consiste à fuir les réserves, pour cesser de vivre dans un environnement propice au suicide et à l’alcoolisme entre autres. C’est ainsi que des gens comme Chenoa, sa grand-mère et d’autres se sont décidés à le suivre dans cette démarche marginale consistant à réinvestir une partie des territoires indiens en achetant des lopins de cette terre ancestrale. A ce titre, ils bénéficient de l’appui de mécènes blancs agissant entre altruisme et sentiment de culpabilité.
L’artisanat du cuir est la principale ressource de la communauté qui donne pignon sur rue à l’exotisme dans la lointaine Seattle. Deux continents s’y rencontrent dans une échoppe qu’ils partagent avec des amis africains. Le second membre du clan que je rencontre me ramène à mon époque. Un autre géant, l’ébène se substituant à d’acajou, me tend ses phalanges qui massent en rythme l’épiderme d’un instrument de percussion.
C’est Mahdi skyLé, un musicien qui anime des workshops musicaux lui rapportant quelques « notes » vertes. L’entame de son patronyme, celui d’un grand horloger me rappelle l’endroit d’où je viens et vers lequel j’aurais pu rapidement retourner en donnant quelques coups de téléphones salvateurs.
Mais pour prolonger cette complicité naissante, deux individus qui ignorent encore qu’ils vont successivement être amis et ne plus l’être 5 ans plus tard, ont décidé d’inventer ensemble un prétexte. Le court terme est un concept que Enyeto néglige et ce qui pourrait sembler malhonnête dans un deal immédiat porte déjà ses fruits dans un avenir qui nous réservera bien des surprises. Nous convenons que je m’acquitterai de travaux rudimentaires dans le cadre de leur activité peu lucrative en échange d’une rémunération qui sera forcément surévaluée de la poche d’Enyeto. D’ici quelques temps, j’aurais ainsi accumulé de quoi refaire mon passeport et reprendre l’avion mais pas avant que l’on ait étanché en partie notre soif d’échanger.
Au cours de longues nuits, nous rêverons ainsi que nous nous sommes éveillés dans le monde de l’autre. Sous la houlette des deux personnages que je vous ai dépeint, le groupe d’amérindiens aux origines éparses fusionne ses traditions dans un feu qui signifie la fin de la journée et autour duquel se rassemblent ces étincelles. Parmi elles, Chenoa et sa grand-mère dont les traits invoquent l’esprit de ces yakoutes qui peuplèrent peut-être l’Alaska lorsque la glace enserra le détroit de Bering. A leur droite est assis Mahpee, un Lakota, un de ces Sioux, de la tribu d’autres Pieds-Noirs exilés qui soutient peut-être en ces heures l’indépendance que leurs représentants ont déclaré en décembre 2007.
C’est d’ailleurs lui qui officie lorsqu’il s’agit ce soir là, d’arracher les pierres qui se gorgeaient de chaleur sous la braise pour leur permettre de restituer l’énergie cristallisée dans la sweat lodge. En revanche, il est dans l’ordre des choses que ce soit Enyeto, les yeux clos, qui préside le rituel de purification et de communication du corps et de l’esprit. Mahdi, joue son rôle par la procuration de ses instruments qui servent de support aux variations qu’imprime l’homme médecine. Son chant lancinant vibre en une sorte d’aûm, à fleur de tambour, pour emplir l’espace tout entier d’un bourdonnement grave. Puis, sa voix seule accompagne les bruits de cymbale que produit l’eau qu’il déverse sur les pierres. C’est encore plus intense. En transpirant l’ignorance, je suis le témoin auditif d’un syncrétisme vibratoire entre tibétains et amérindiens.
Dans la vapeur d’eau, mon gnomon d’émeraude en oublie tous ses méridiens et semble m’indiquer que ce qui est à l’est est comme ce qui est à l’ouest. Les sensations s’enchaînent et plus j’ai la conviction d’approcher la connaissance, plus je la perds pour ne la reprendre que plus tard, à l’extérieur de cette matrice qui a englouti tous mes repères.
Ma perception de ce qui me semblait être difficilement compatible avec le réel, notamment le shamanisme, évolue peu à peu. N’ayant aucune intention d’adhérer au paradigme amérindien, pas plus qu’à celui de l’Inde où j’ai séjourné quelques années plus tôt, n’ayant pas non plus l’intention de suivre les traces de Castaneda ou Lévi-Strauss, en ramenant en Europe 6 mois plus tard la recette de « comment s’exploser la tête sous couvert de spiritualité », je me contente de vivre pleinement chaque instant, en touriste de l’esprit, dans la confiance et en faisant totalement abstraction de ses composants, même toxiques.
Au sortir de chaque expérience ma première vision a toujours été identique : Deux nattes entourant un visage parcouru par une expression joviale et bienveillante. Je crois avoir compris ce jour là pourquoi il s’appelait Enyeto. Chacun de ses regards étant une claque magistrale destiné à entraver le cours de ma réalité.
Troisième partie : L’aigle s’est envolé
Un peu plus de quatre années se sont écoulées sous les ponts du Rhône, entraînant la galère estudiantine dans laquelle je me suis à nouveau embarqué. Je viens d’obtenir mon diplôme de comptable et même si j’accorde toujours du crédit à l’ésotérisme, la seule numérologie qui me permet d’assurer mon quotidien redonde en douloureux bouclements menstruels. De temps à autre, une bouteille remonte le courant du temps avec à son bord, un message à l’attention d’Enyeto.
Le dernier qui lui parvient annonce la couleur de l’argent que j’ai à disposition pour m’acquitter de cette dette décontractée. Je réserve une place au castor senior, à Mahdi et à Chenoa dans le premier gulf stream et transforme mon séjour en campement. Bien que surpris, mes voisins, dans leur diligence, n’émettent aucune réserve. Seul le roi des gallinacés et sa basse cour semblent affectés par l’exactitude toute helvétique qui anime mon ami lorsqu’il s’agit de célébrer la nouvelle vie que nous offre chaque apparition du soleil se découpant sur les sinus des reliefs.
Enyeto m’accompagne lorsqu’il s’agit d’aller chasser le Mammouth sur les terres aseptisées. Une traînée d’étoile perle de chacun de ses pas, d’un seul pétale qu’il tend, il illumine soudain l’existence de la plus austère des caissières.
Je réalise l’impact qu’il produit sur les gens, mais j’en sous-estime hélas les répercussions qui viendront fausser l’harmonie. J’ai réservé une salle de conférence dans un centre proche de la gare et pris contact avec un ami journaliste qui me devait une vie.
Des flyers imprimés à la hâte son distribués au cours d’une promenade qui verra mon ami s’éprendre des cèdres qui jalonnent nos parcs. Sur le chemin du retour, les dépliants annonçant l’évènement s’étendent à perte de vue et à cet instant, je crains qu’il en soit de même des retombées financières. Mais à l’image de la salle qui attend en silence le début de la conférence, nous sommes comblés, cette manne substantielle me permettra même de rétribuer les bénévoles comme la traductrice qui lui servira de ventriloque.
Enyeto estime la chaire mortelle et emprunte les chemins de travées pour s’exprimer au coeur d’un auditoire qu’il émeut par son naturel et sa simplicité. Au terme d’un laïus rythmé de chants vernaculaires, la foule se presse à son portillon. L’huissier, censé nous faire respecter le temps qui nous a été imparti, en oublie la douleur que lui occasionnerait une entorse au règlement. Des consultations privées qui se tiendront à mon domicile sont agendées, la participation, laissée à l’appréciation des demandeurs ira dans l’escarcelle de la communauté de Wenatchee.
Ces séances privées sont à géométrie variable avec, comme fil rouge commun à chacune d’entre-elle, un bref rituel de purification en guise d’ouverture, guidé par le son du tambour, prolongement et catalyseur dans la matière d’Enyeto. Elles se poursuivent généralement par une forme de thérapie où il remplit sa vocation de médecin de l’âme en prodiguant des conseils, ses côtés apaisants et rassurants finissant le travail.
Malheureusement, dans l’obscurité, les chacals se relaient un message qu’ils espèrent reprendre à leur propre compte, tendant un piège à Enyeto le long du défilé dans lequel il s’en engagé. Voltaire et sa rue d’Ermenonville vont dès lors assister à une cavalcade de consultants peu recommandables.
En l’absence de S., la traductrice qui dans un mimétisme davidien ne déchausse plus ses lunettes noires, j’officie pour retranscrire les délires engendrés par des esprits malades. Un débarquement de raélien entre deux soucoupes de café tente de s’approprier la conception amérindienne de l’homme et de le recréer à l’image d’Enyeto qu’ils escomptent intégrer à leur propagande.
Tandis que Thierry H. s’épanche en visions chamaniques. Gianni B., qui s’improvise chromothérapeute, ausculte avec un appareil de son cru les genoux des vestales qui virevoltent en battant des cils autour de l’épicentre de cette tourmente qui sourde. En tant qu’hébergeur de ce site propice à tous les dérapages, elles me font comprendre qu’elles sont prêtes à sacrifier leur écorce charnue dans la gamelle du Cerbère que j’incarne. Jusqu’à preuve du contraire, je suis encore chez moi et me réserve un droit de veto pour endiguer ces pulsions animales en filtrant les allées et venues.
Je finis toutefois par perdre un contrôle dont je me serais bien passé, la secte naîssante ayant engendré des métastases chez d’autres hôtes providentiels.
La quête de locaux pour pratiquer un cercle de pleine lune, météo oblige, nous met en contact avec plusieurs propriétaires de centres qui en profitent pour affirmer avoir été initiés et par conséquent être à même de dispenser un enseignement en dehors de notre activité et pour leur propre compte.
Hélas mes avertissements sont étouffés par le bruits de la monnaie qui commence à pleuvoir dans l’entourage de cet oeil cyclonique aveuglé.
Seul Mahdi partage mes craintes et tenant tous deux à préserver l’intégrité de notre ami, nous décidons de ne pas le lâcher d’une semelle en l’accompagnant à toutes les invitations que Enyeto a décidé d’accepter.
A la droite de ce nouveau père spirituel, l’interprète persifle à notre encontre et tente de nous diviser pour qu’il croque la pomme de la discorde. Nous sommes conviés dans des demeures somptueuses où dans les jardins fleurissent les sweat lodge improvisées et les cercles de lunes qui ne tardent pas à se dénuder pour ne garder qu’un léger croissant pudique.
En ce qui concerne, Mahdi, la coupe est pleine, il me lance un regard désespéré, une fille à califourchon sur ses genoux lui restreint son champ de vision de ses attributs avantageux. C’est encore un homme, un vrai, de ceux incapables d’abuser de la faiblesse de ses semblables. De son côté Enyeto ne réalise pas que ses ailes d’ange déchu l’ont porté jusqu’aux rivages de l’île qui abrite des trésors de tentation. Mahdi tente un baroud d’honneur qui nous vaut la désapprobation, puis le bannissement du groupe.
Empoignant Chenoa par le scalp, nous renonçons et rentrons, le lendemain, ils avanceront la date de leur départ, abandonnant derrière eux Enyeto, qui peut désormais voler de ses propres mains. De cette belle amitié, il ne reste aujourd’hui que des cendres que les rares courriers encore échangés n’ont jamais réussi à raviver.
J’ai appris par la suite que l’homme médecine avait trouvé mocassin à son pied parmi ses suivantes, qu’ils avaient eu un fils, mais que désormais, l’ombre impitoyable du Totem l’avait éclipsé du rôle qui était le sien.
© Endemoniada, 2007.