Par Spartakus FreeMann
Je me propose de répondre, dans la mesure de mes maigres connaissances, à l’article posté par Melmothia sur l’origine égyptienne du Tarot. Chaque fois que les cartes sont mises sur la table, on n’échappe pas à la sentence catégorique selon laquelle le Tarot c’est antique – on n’en doute pas – et que c’est égyptien (je vous fais grâce de l’origine atlante). Or, tout démontre qu’il n’en est rien, si la cabale et l’astrologie sont choses communes chez les Juifs et les Arabes, on ne trouve par ailleurs nulle trace de l’usage du Tarot ou de cartes à jouer. Il est même presque certain qu’en Europe la divination par les cartes est assez moderne. Peucer a publié, en 1552, un traité des diverses méthodes connues de lire dans l’avenir (Commentarius de precipuis divinationum generibus) dans lequel il ne dit rien de la divination par les cartes. Le Dictionnaire de Bichelet de 1733 est tout aussi silencieux dans ses parties traitant de l’astrologie et autres mancies.
L’origine égyptienne du Tarot.
Au 18ème siècle, dans le Monde primitif de Court de Gébelin, au tome VIII, pages 365 et suivantes, a été émise pour la première fois, l’opinion qui assigne aux cartes une origine antique. Court de Gébelin commence par une phrase à effet. « Si l’on entendait annoncer, dit-il, qu’il existe encore un ouvrage des anciens Égyptiens, un de leurs livres échappé aux flammes qui dévorèrent leurs superbes bibliothèques, et qui contient leur doctrine la plus pure sur des objets intéressants, chacun serait sans doute empressé de connaître un livre aussi extraordinaire. Certainement. Eh bien, ce livre de la vieille Égypte, c’est le jeu de tarots, ce sont les cartes » (Le Monde Primitif, Antoine Court de Gébelin, Sorin, Paris, 1781).
Court de Gébelin semble être entré en contact avec le tarot lors d’une visite chez une amie, Madame Helvetius : « Ce qui attira le plus l’attention de Court de Gébelin, lors de la découverte du Tarot, ce furent les hiéroglyphes du vingt et unième feuillet qui porte pour titre le monde. Cette carte, qui n’est autre chose que la clef même de Guill. Postel, représente la vérité nue et triomphante au milieu d’une couronne divisée en quatre parties par quatre fleurs de lotus. Aux quatre coins de la carte on voit les quatre animaux symboliques…. Ces quatre figures qu’une tradition incomprise par l’Église même donne pour attributs à nos quatre évangélistes, représentent les quatre formes élémentaires de la Kabbale, les quatre saisons, les quatre métaux et enfin les quatre lettres mystérieuses du Tora des juifs, de la roue d’Ezéchiel Rota et du Taro qui, suivant Postel, est la clef des choses cachées depuis l’origine du monde. Il faut remarquer aussi que le mot Taro se compose des lettres sacrées du monogramme de Constantin, un Rho grec croisé par un tau entre l’alpha et l’oméga qui expriment le commencement et la fin » (R. Merlin, « Origine des cartes à jouer » in Revue archéologique, vol. 1).
« Le fait est cependant très vrai : ce Livre Égyptien, seul reste de leurs superbes Bibliothèques existe de nos jours : il est même si commun, qu’aucun Savant n’a daigné s’en occuper ; personne avant nous n’ayant jamais soupçonné son illustre origine. Ce Livre est composé de LXXVII feuillets ou tableaux, même de LXXVIII, divises en V classes, qui offrent chacune des objets aussi variés qu’amusans & instructifs : ce Livre est en un mot le Jeu des Tarots, jeu inconnu, il est vrai, à Paris, mais très-connu en Italie, en Allemagne, même en Provence, & aussi bizarre par les figures qu’offre chacune de ses cartes, que part leur multitude. »
Voici la route curieuse que Gébelin fait tenir à ce jeu pour arriver jusqu’à nous :
« Dans les premiers siècles de l’Eglise, dit-il, les Egyptiens étoient très-répandus à Rome ; ils y avoient porté les cérémonies et le culte d’Isis, par conséquent le jeu dont il s’agit. Ce jeu, intéressant par lui-même, fut borné à l’Italie, jusqu’à ce que les liaisons des Allemands avec les Italiens le firent connoitre de cette seconde nation, et jusqu’à ce que celles des comtes de Provence avec l’Italie, et surtout le séjour de la cour de Rome à Avignon, le naturalisèrent en Provence et à Avignon. S’il ne vint pas jusqu’à Paris, il faut l’attribuer à la bizarrerie de ses figures et au volume de ses cartes, qui n’étoient pas de nature à plaire à la vivacité des dames françaises ; aussi fut-on obligé, comme nous le verrons bientôt, de réduire excessivement ce jeu en leur faveur. »
À la suite de la dissertation de Gébelin, on trouve un mémoire plus bizarre encore, expliquant que le mot tarot signifiait Le Chemin royal de la vie, du mot tar, qui veut dire chemin, et du mot ro, ros, rog, qui veut dire roi, royal. Cette application n’a pas grande valeur, si on la met en regard de celle-ci :
« Ce livre (ce livre du destin, ce jeu sacré) paraît avoir été nommé A-ROSH, de la lettre A, doctrine, science, et de ROSCH, Mercure, qui, joint à l’article T, signifie tableaux de la doctrine de Mercure ; mais comme rosh veut aussi dire commencement, ce mot ta-rosh fut particulièrement consacré à sa cosmogonie; de même que l’Ethotia (histoire du temps) fut le titre de son astronomie, et peut-être qu’Athotes, qu’on a pris pour un roi fils de Thot, n’est que l’enfant de son génie et l’histoire des rois d’Égypte. » (Extrait du mémoire d’un officier général, M. le comte de M…., intitulé Recherches sur les tarots et sur la divination par les cartes des tarots, que Court de Gébelin a inséré à la suite de sa propre dissertation.)
À l’article V, intitulé : Comparaison des attributs mythologiques des tarots avec les valeurs qu’on assigne aux cartes modernes pour la divination, le même auteur anonyme écrit :
« Nos diseurs de bonne fortune, ne sachant pas lire les hiéroglyphes, en ont soustrait tous les tableaux, et changé jusqu’aux noms de coupe, de bâton, de denier et d’épée, dont ils ne connoissoient ni l’étymologie ni l’expression ; ils ont substitué ceux de cœur, de carreau, de trèfle et de pique; mais ils ont retenu certaines tournures et plusieurs expressions consacrées par l’usage, qui laissent entrevoir l’origine de leur divination. Selon eux,
Les cœurs (les coupes), annoncent le bonheur;
Les trèfles (les deniers), la fortune;
Les piques (les épées), le malheur;
Les carreaux (les bâtons), l’indifférence et la campagne.
Le neuf de pique est une carte funeste. » Celui de cœur, la carte du soleil ; il est aisé d’y reconnoître le grand neuf, celui des coupes : de même que le petit neuf dans le neuf de trèfle, qu’ils regardent aussi comme une carte heureuse.
Les as annoncent des lettres, des nouvelles : en effet, qui est plus à même d’apporter des nouvelles que le borgne (le soleil), qui parcourt, voit et éclaire tout l’univers?
L’as de pique et le huit de cœur présagent la victoire; l’as couronné la pronostique de même, et d’autant plus heureuse qu’il est accompagné des coupes ou des signes fortunés.
Les cœurs, et plus particulièrement le dix, dévoilent les événements qui doivent arriver à la ville. La coupe, symbole du sacerdoce, semble destinée à exprimer Memphis et le séjour des pontifes.
L’as de cœur et la dame de carreau annoncent une tendresse heureuse et fidèle. L’as de coupe exprime un bonheur unique, qu’on possède seul; la dame de carreau indique une femme qui vit à la campagne, ou comme à la campagne : et dans quel lieu peut-on espérer plus de vérité et d’innocence qu’au village ?
Le neuf de trèfle et la dame de cœur marquent la jalousie. Quoique le neuf de denier soit une carte fortunée, cependant une grande passion, même heureuse, pour une dame vivant dans le grand monde, ne laisse pas toujours son amant sans inquiétudes, etc., etc. On trouveroit encore une infinité de similitudes qu’il est inutile de chercher : n’en voilà déjà que trop. »
Dès cette publication, en 1781, Court de Gébelin érudit original, n’aura de cesse de défendre ardemment sa thèse donnant au Tarot comme origine certaine l’Égypte. En une cinquantaine de pages, il fonde et décrit le système tarologique qui sera à la base des développements modernes du Tarot occultiste.
Reste la question de l’auteur anonyme que Gébelin rapporte dans son livre. Dummett, Depaulis et Decker l’identifient, dans leur ouvrage L’origine du tarot occulte, comme étant Louis-Raphaël-de-Lucrèce Fayolle, comte de Mellet (1727-1804). Proche de Gébelin, et de ses intérêts pour la philosophie occulte, cet homme était gouverneur du Maine et du Perche et Grand Croix de l’Ordre de Saint-Louis. C’est au comte de Mellet que l’on doit ainsi les premières considérations sur l’usage divinatoire de ce qu’il appelle le « Livre de THOT ».
Nous ne disposons pas de plus d’information, et ne pouvons donc déterminer d’où il tirait ses thèses sur l’origine du tarot. Mais sa relation avec Court de Gébelin est sans doute suffisante, puisque les deux textes, bien que différents, mènent aux mêmes conclusions.
Boiteau lui-même, dont tout le système repose sur la supposition que les cartes sont entrées en Europe comme moyen de divination avec les Bohémiens venant de l’Inde, est obligé d’avouer que même, « sous Louis XIV, on ne voit pas que les cartes aient Joué leur rôle à la cour dans les consultations » des magiciens. Il considère le tarot comme le père et source de toutes les autres cartes, et cependant il nous raconte comment Alliette s’inspira de Court de Gébelin, et inventa, vers 1783, la méthode divinatoire par ces cartes « égyptiennes ».
L’explication de Gébelin, le raccord entre les hiéroglyphes et le tarot, peut s’expliquer, selon moi, par la frénésie de l’époque pour les mystères de ces signes déjà étudiés par Athanasius Kircher et d’autres, mais toujours restés impénétrables. Nombreux sont ceux qui ont tenté d’y voir – avant même un langage – une forme symbolique et mystique renfermant les connaissances de civilisations élevées et « sages ». Ainsi, Gébelin, déjà plongé dans l’hébreu et les écrits de la Kabbale, ne put-il rester à l’écart. A-t-il joué au chaote syncrétique avant l’heure ? A-t-il eu une intuition géniale en percevant dans ces images, des formes archétypales communes aux hommes et transmises de manière atavique ? Possible ou pas. Mais comme tout inventeur génial, et comme nous allons le voir, il fut pillé et la voie qu’il a tracée se termine aujourd’hui en chemin bourbeux et glissant de lettres, de chiffres et de symboles abscons censés, justement, élucider le « parler » intuitif de la divination par les cartes. La tradition ésotérique du Tarot était née.
Etteilla, pseudonyme de Jean-François Alliette : « Le Tarot est un livre de l’Égypte ancienne dont les pages contiennent le secret d’une médecine universelle, de la création du monde et de la destinée de l’homme. Ses origines remontent à 2170 avant J.-C. quand dix-sept magiciens se réunirent en un conclave présidé par Hermès Trismégiste. Il fut ensuite incisé sur des plaques d’or placées autour du feu central du Temple de Memphis. Enfin, après diverses péripéties, il fut reproduit par de médiocres graveurs du Moyen-Age avec une quantité d’inexactitudes telle que son sens en fut dénaturé ».
C’est ce même Etteilla qui « restitua » au Tarot ce qu’il estimait être leur forme primitive. Il en remodela l’iconographie et le baptisera, à la suite du texte de Gébelin, « Livre de Thot ».
Court de Gébelin et les Philalèthes
Antoine Court, dit « De Gébelin », fut un savant respecté, un encyclopédiste, mais aussi un « mystificateur involontaire ». Court de Gébelin était le fils du pasteur Antoine Court, figure éminente du protestantisme français au 18ème siècle. Vers 1771, il entre en franc-maçonnerie en adhérant à la loge les « Amis Réunis » et rejoint ensuite la loge des « Neuf Sœurs ». Il y côtoie Voltaire, Benjamin Franklin, avec qui il participe à une publication consacrée à la défense de l’indépendance des Américains et paraissant sous le titre de Affaires de l’Angleterre et de l’Amérique.
En 1780 il fonde la « Société Apollonienne » qui deviendra plus tard le « Musée de Paris », un établissement littéraire qui finira par sombrer faute de fonds.
Antoine Court sera également membre de l’ordre des Philalèthes et probablement de celui des Elus Cohens.
Les Philalèthes furent fondés par Savalette, vers 1773, comme une véritable académie de recherches maçonniques, qui se consacre à l’étude de la « science maçonnique ». Ce rite proposait douze grades proposant à ses membres des instructions et des études sur les diverses branches des sciences hermétiques : alchimie, kabbale, symbolisme.
Les Philalèthes regroupèrent des personnages comme Duchanteau, hébraïsant et kabbaliste, auteur d’un immense calendrier magique, et qui devait mourir des suites d’une expérience alchimique faite dans la loge des « Amis réunis », le Marquis de Chefdebien, l’alchimiste Clavières, le Prince d’Assia de Beverley, le Prince de Hesse, Condorcet, le Vicomte de Tavannes, Willermoz… Il est à noter que parmi les savants, de tous horizons, qui accompagneront Bonaparte dans son expédition égyptienne, nombreux seront membres de divers groupes maçonniques, dont les Philalèthes qui seront à l’origine de la fondation des rites égyptiens de la franc-maçonnerie au 19ème siècle.
Court de Gébelin publiera, entre 1773 et 1782, les neuf volumes de son Monde primitif, analysé et comparé avec le monde moderne, dans lesquels il analyse et commente les manifestations du génie humain.
Il finira ruiné, ses créanciers feront saisir le « Musée », en même temps que toutes ses archives vendues aux enchères.
Le Tarot occultiste
Au 19ème siècle, Eliphas Lévi, dans son Dogme et Rituel de la Haute Magie (Paris, 1861), se chargea de restaurer le Tarot en critiquant le système d’Etteilla et en affirmant que les 22 Triomphes correspondaient aux 22 lettres de l’alphabet hébreu !
Les Arcanes du Tarot, publiées par Papus dans Le Tarot Divinatoire, et suivant l’ordre donné par Eliphas Levi, sont associés, outre aux lettres hébraïques, à des lettres en sanskrit et à des hiéroglyphes égyptiens ! Nous voyons également des symboles décrits comme étant ceux de l’Archéomètre de Saint-Yves d’Alveydre. Ce livre contient effectivement une mise en correspondance mystique des lettres de divers alphabets.
Papus, moins sobre que Gébelin, laissera s’écouler toute la poésie hermétique dont il était coutumier afin de nous éclairer sur l’origine du Tarot : « Les anciens Égyptiens possédaient un livre dont chaque feuillet d’or. Ce livre servait à enseigner l’astronomie et l’alchimie aux jeunes prêtres et à donner les clefs des adaptations symboliques à tous les initiés.
Les bohémiens ont porté ce livre jusqu’à nous et la clef de la Thorah, la Rota d’As-Taroth, est devenue un vulgaire jeu de cartes.
Nous avons écrit un volume pour donner la clef de ce livre, mais aujourd’hui nous donnons seulement les figures des Arcanes majeurs, dont chacune forme un véritable talisman » (Le livre de la chance bonne ou mauvaise, Papus, Paris, 1880).
Mais, malgré nos recherches, nulle trace, avant Lévi – donc vers le milieu du 19ème siècle – d’une association lames du tarot, hiéroglyphes et/ou lettres hébraïques.
Dans le tableau ci-dessus, proposé par Papus, nous pouvons observer la correspondance entre les lettres hébraïques (première partie à gauche), les figures hiéroglyphiques et l’alphabet des mages, ainsi que la symbolique alchimique attribuée aux lames du tarot.
Le 19ème siècle semble avoir été hanté par l’étude des langues proche-orientales – hébreu et l’hiéroglyphique égyptien surtout. Nombreux sont les savants, chercheurs ou simples amateurs, qui ont tenté, avant l’élucidation de la Pierre de Rosette, de percer le mystère des hiéroglyphes. Les théories, parfois les plus loufoques, sont nombreuses, ainsi dans les Fragments de Lecourt nous lisons : « En examinant l’alphabeth de la langue hébraïque, en étudiant la signification de chacune de ses lettres, la première observation qui devait se présenter, et cependant celle à laquelle personne, je crois, n’a pensé, pas même Court de Gébelin, c’est que ces caractères conservent les éléments d’un alphabet zodiacal; alphabeth par conséquent primitif, antérieur à celui de vingt-deux et même de seize lettres ».
Dans un ouvrage paru en 1896, Les XXII Lames hermétiques du Tarot, R. Falconnier tente de reconstruire les « lames originelles » égyptiennes et donne, en lieu et place des numérations latines traditionnelles, les glyphes de l’alphabet des mages.
Avec ce rapide survol de l’égyptomanie tarologique, on comprendra qu’il est très hasardeux de tenter de tracer une ligne de transmission continue de l’Égypte antique à nos jours, en passant par les bohémiens, les Indiens, les Atlantes et autres peuples joueurs de l’univers. Ainsi, « de tout temps » – j’insiste car cela a de l’importance -, l’homme aurait joué à la divination au moyen de cartes sous différentes formes, ayant évolué de l’or le plus fin au carton de sous-bock bon marché, pour finir en programme virtuel sur le net ? Or, il est certain qu’avant Court de Gébelin, aucune trace n’existe d’une filiation supposée avec l’Égypte, après lui, c’est l’inflation dont Etteilla, Levi, Papus, de Guaïta… puis Marabout Sidi Bubu et madame Juliette 3615 ne sont que les modernes avatars.
Et cependant, le tarot marche ! Il marche, avec ou sans, ou malgré, les lettres hébraïques, hiéroglyphes, sigils, et autres gribouillis ornant ses lames. Pourquoi ? Comment ? Personne n’a encore répondu, personne ne le fera probablement. Que ce soit Court de Gébelin, ou un autre, qui ait décidé d’égyptianiser le tarot importe, finalement, peu. Peu, si l’on ne devient pas sectaire de la chose et qu’on laisse parler les cartes sans les étouffer dans une inflation de symboles baroques.
Les 22 planches du Monde Primitif
Spartakus FreeMann, septembre 2010 e.v.
Puis-je vous suggérer de voir mon site web qui a certains raports avec la question? Vos remarques me feront plaisir!
Amicalement. PMH
Voilà déjà, pour les lecteurs intéressés, le lien qui n’a pas eu la bonne idée d’apparaître dans le post : qabala.wifeo.com.
Chouette site, merci pour le lien : – ) Vous détenez peut-être la réponse à une question que nous nous posons depuis un moment : quand est-ce que les Arcanes du Tarot et les lettres hébraïques ont commencé à être associées ? Nos recherches nous ont conduits à l’oeuvre de S. de Guaïta, mais ces associations sont peut-être antérieures.
Bonjour
Le lien avec Melmothia ne fonctionne pas pour moi, mais au vu des réponses de Spart, j’en déduis des propositions !
Je vais publier prochainement un nouveau livre sur mes recherches en tarologie, je vous laisse la primeur de quelques trouvailles ! En effet selon les registres de l’inquisition (les meilleures sources) le tarot ne servait pas à la divination mais simplement de jeu. C’est Court de Gébelin et son acolyte le Comte de Mellet qui lance la mode du tarot divinatoire et de son origine égyptienne, pourquoi ? Tout simplement parce que ce sont des Maçons et que la Maçonnerie du temps est fascinée par l’Egypte, suite à la parution d’un livre qui fit fureur : Sethos, de l’abbé Terrasson publié en 173 et dont un autre célèbre Maçon s’inspira pour sa Flute Enchantée. Jusqu’au XXè siècle, seuls les Maçons – que l’ont dit « occultistes », s’intéressent aux tarots et les adaptent, Court, Eteilla, Levi, Papus, Wirth, Chaboseau, Mar Haven…
j’ai recensé une douzaine de livres maçonniques qui affirment que l’origine de la Maçonnerie est en Egypte.
Le problème est que la Maçonnerie française, au contraire de l’italienne, n’avait pas la connaissance de ses origines. On pouvait dire fort justement que le Tarot est un livre égyptien…. aux XVIè et XVIIè siècles, car tout livre d’alchimie était alors appelé « livre égyptien » et tout d’emblème hermétique était appelé « hiéroglyphe ». Dès leur origine italienne les tarots étaient considérés comme des « hiéroglyphes », les textes en ma possession le prouvent.
Les tarots sont une suite d’emblèmes (au sens de l’époque) alchimiques, j’ai d’ailleurs pu prouver que le Tarot de Jacques Vieville du XVIIè siècle était une quintessence de la meilleure alchimie de l’époque, l’alchimie ternaire des Rose-Croix paracelsiens.
Je précise que c’est Eliphas Levi, qui prétendait avoir été initié dans une loge rosicrucienne, qui a tenté le premier de rapprocher les 22 « triomphes » – que les Maçons ont appelé par ignorance : arcanes – des 22 lettres de l’alphabet hébraïque. Cela ne colle pas vraiment ! Bien qu’il y ait un centre commun entre ces deux systèmes : les 22 polygones réguliers contenus dans un cercle.
Cordialement,
C…a
Si tu parles du lien pour télécharger le .pdf, il faut avoir un compte sur Scribd.com. Désolée pour la sophistication, mais le plug-in Download de WordPress ne fonctionne plus et nous ne trouvons pas l’origine du problème. Nous avons d’ailleurs oublié d’insérer les illustrations dans le document. Elles seront postées très bientôt en galerie et dans le .pdf.
Concernant ce que tu dis sur le Tarot, j’en suis arrivée aux mêmes conclusions. Oui pour l’influence majeure de Sethos, oui pour les fantasmes sur l’origine égyptienne de la FM. A noter que dans l’ouvrage de S. Caillet sur Memphis Misraïm, il est spécifié que cette obédience doit beaucoup à Gébelin.
Le terme Arcane vient, semblerait-il, de l’ouvrage de J.B. Pitois « L’homme rouge des tuileries » dans lequel je barbote ces temps-ci. Lui aussi suit la mode égyptienne. Je n’en ai pas encore terminé la lecture, à suivre donc.
Concernant l’association avec les lettres hébraïques, en effet ça ne colle pas… ! 🙂 Eliphas Levi et Guaita semblent être les premiers a avoir inauguré cette alliance, mais n’auraient-ils pas un/des prédécesseurs ? Nous nous sommes posés la question, mais n’avons pas encore effectué de recherches.
Enfin, je n’y connais pas grand-chose hélas en alchimie, mais je lirai volontiers tes écrits. En ce qui me concerne, mon coeur penche vers cette théorie : https://www.melmothia.net/823/tarot-et-loterie-pieuse/ mais je ne suis pas encore allée très loin dans les recherches.
Merci pour ton intervention pertinente,
Mel
Salut,
Je ne suis pas un Xpert, cependant bien que les hypothèses les plus folles aient été émises sur l’origine du taro, la piste égyptienne est fort probable vu l’histoire…les connaissances voyagent ainsi.
Quoiqu’il en soi, si ce livre tient encore la route comme les hexagrammes du yi-king entre autres, c’est bien qu’au-delà des inventions et des fantasmes humains, il y a des lois cosmiques et qu’en tout temps certains hommes en ont eu la révélation, ou ont du moins cherché à les pénétrer.
D’ailleurs les analogies entre le Taro et la connaissance du Tao est assez frappante avec beaucoup de niveaux selonn la lecture envisagée: deux forces, un moyeu et le mystère.
Bien à vous
La supposée origine égyptienne du Tarot est seulement un fantasme romantique. Les historiens l’ont démontée depuis belle lurette. Par ailleurs, rien n’existe « de tout temps », le Tarot est une invention humaine, datée, comme tout le reste – ce qui n’ôte rien à sa magie ni à la fascination que peut exercer cet objet. Concernant le Tao, tout peut être rapproché de tout, surtout en abusant des concepts vagues que l’on peut assortir à volonté à la chemise. Je ne crois pas que le débat avance en perpétuant les mythes erronés.
Je n’en suis pas persuadé dans la mesure ou les historiens sont rarement des mystiques ou des « initiés », cet-à-dire des êtres humains qui ont eu accès à la la vision occulte et à la révèlation et qui n’est évidemment pas exhaustive à l’instar de l »histoire », mais intuitive et mystérieuse.
Les principes du Yin et Yang émergeant du Tao ont des analogies certaines avec ceux du Tarot ainsi qu’avec les Trois gunas indiens du samkhya cependant qu’ils proviennent tous les trois de cultures et d’origines divers; et ce sans pour autant donner dans le syncrétisme ou des divagations New-ages.
La connaissance intellectuelle divise pour débattre et préciser.
l’intuition, la vision ou l’extase rassemblent pour unifier.
Bravo, pour cet article fouillé, avec un maximum d’objectivité,
je bosse actuellement sur les Vierges Noires,
et suis preneur de toute info sérieuse…
Cordialement
Christian
Bonsoir, et merci pour ce bel article bien documenté et raisonné. Il apparaît cependant que vous ignorez deux éléments fondamentaux du problème qui vous a été posé 1/ qu’il s’agit de dire sans dire, de montrer sans montrer, de cacher sans cacher, ce qui est – en effet, tout égyptien, tant dans la mentalité que le procédé 2/ que les liens attachant ce jeu-là à l’Egypte ancienne sont très nomnbreux, serrés et extrêmement solides avec… la grande pyramide de Gizeh. Si la chose devait intéresser quiconque de sérieux et réfléchis, je donnerai une conférence à ce sujet le samedi 16 mai, à 15 h, Salle JLP, au 1, rue des Montiboeufs, 75020 Paris (Métro Porte de Bagnolet, Ligne 3), et ce sera une démonstration à la fois de ce qui vient d’être écrit et de l’éxistence d’un méta-langage qui, s’il n’est pas spécifiquement égyptien d’origine, est à la base de celui-ci. Pour situer la question, j’ajouterai que je suis l’auteur du film La Révélation des Pyramides, qui est accessible sur DailyMotion ou YouTube (version française, la version anglaise étant un fake). N’hésitez pas, vous qui viendriez, de vous faire connaître : je contribuerais volontiers à toute étude motivée (et vous pourriez acquérir le livret de la conférence). A bons entendeurs et bonne continuation à tous.
Bonjour!
Bravi pour ce site!
….de nombreux connaisseurs y sont présents!
Alors…peut être pourriez vous m’aider??
Je travaille sur le Tarot grimoire d’Aristide de L’Espinay
dont voici le lien:
http://secretsdutarot.blogspot.com/2013/03/aristide-de-lespinay-1845-1917.html
…Vous y trouverez aussi la planche contenant les pictogrammes..
mais je n’arrive pas à faire l’analogie entre ces pictogrammes et les Arcanes majeures….
Quelqu’un pourrait il éclairer ma lanterne?
Merci pour vos réponses!
Cordialement,
Johann
Pour le Tarot Grimoire d’Aristide de L’Espinay voici quelques pistes :
http://lame-du-tarot.blogspot.fr/2015/05/le-tarot-alchimique-daristide-de.html
Je suis en train d’étudier cette science qu’est la TAROT.
Mais il y a trop de « palabres » autour de ce soleil que chacun cherche à s’en approprier ou à prétendre en connaître exclusivement les origines.
Je pense que ce soleil, qu’est la science tarologique, brille pour tout ceux qui ont un esprit d’humilité et de sincérité. Au-delà de tout cela Le Tarot se contente tout simplement d’être.
Quand nous étudions les œuvres du Grand Etre qui s’incarna sur Terre sous le vocable de Franz Bardon, nous pouvons entrevoir toute les sciences qui sont cachées derrière les Grand Symboles contenus dans chacune des 22 Lames du Tarot dont il n’a révélé que les Clés des trois premières Lames.
Chacun d’entre nous doit œuvrer sans égoïsme à établir une chaîne toujours enrichie de connaissances pour reconstituer la Sagesse Primordiale dont Le Tarot est un des Véhicules.
Spirituellement votre en la Sainte Science du Tarot.