Par Melmothia
Le rêve éveillé dirigé (R.E.D.), est une méthode thérapeutique élaborée par Robert Desoille dans les années 1930 : « Au cours de séances où la personne est placée dans une position confortable favorisant la relaxation, elle est invitée à exprimer, le plus spontanément possible, les images qui lui apparaissent et qui s’enchaînent dans une sorte de scénario improvisé. Sans aucun recours à la suggestion ni aux techniques hypnotiques, le sujet atteint naturellement un état de conscience modifié, intermédiaire entre la conscience logique et le sommeil. Les images-symboles qui surgissent alors se comportent en agents actifs de l’évolution psychologique dont ils respectent les rythmes et suivent les priorités. » (1)
En d’autres termes : Le patient s’allonge, ferme les yeux et se détend. La pratique de la respiration abdominale est conseillée (les théoriciens du RED vous diront qu’il atteint un état Alpha, personnellement je préfère parler simplement de relaxation). Une fois son patient plongé dans la quiétude et l’immobilité, le praticien propose une entrée dans le rêve, quelque chose comme « Vous êtes devant une porte, décrivez-la », Puis « Vous ouvrez la porte, que se passe-t-il ? ». Le patient est alors invité à décrire les images qui se présentent devant ses yeux et vont peu à peu former une sorte de scénario plus ou moins lâche ou structuré. Autrement dit, le RED est ce qu’on appelle également « la méditation guidée ».
Selon qu’il a lu Desoilles ou Romey, le praticien sera ou non interventionniste. Dans la perspective du fondateur de la technique, il s’agit de « conduire » le rêve en proposant d’abord une image initiale puis en intervenant pour suggérer des orientations spatiales (ascensions et descentes), ainsi que pour substituer des images réputées positives aux images négatives. Par la suite, Georges Romey dans les années 70, modifiera la méthode, créant le « Rêve éveillé Libre », c’est-à-dire dégagé de la directivité du praticien. Les images ne seront plus suggérées ou orientées mais accueillies comme telles.
L’état d’enfoncement dans le rêve est variable selon les moments et les personnes, de l’image légère qui vous traverse l’esprit à un état de semi-sommeil. En revenant au réel, on a quand même l’impression de sortir d’une piscine. La dernière phase est interprétative. C’est là que les problèmes commencent… La technique du RED appartient traditionnellement à ce qu’on appelle « développement personnel », dénomination qui recouvre tout et n’importe quoi, mais j’ai pas mieux. Elle est censé avoir deux fonctions:
– Thérapeutique: soigner l’angoisse et l’anxiété, certains états dépressifs, améliorer l’estime de soi, les relations aux autres.
– Initiatique. Elle permettrait d’élargir le champ de conscience, de même qu’elle favoriserait le développement de ses facultés créatrices, voire de capacités psi. Là, on entre dans l’abstraction du « plus être ».
La méthode a connu des développements divers. En faisant une rapide recherche sur le net, on croise d’ailleurs du beau monde intéressé par le RED, notamment des psychothérapeutes ou des psychanalystes. Et voilà que ça nous braille dans les oreilles à coup de résistance, d’Œdipe et de transfert… A la la période desoillienne (1925-1966) a en effet succédé une phase de théorisation où tout le monde a pédalé dans la semoule, puis la psychanalyse nous a emballé le RED dans le langage en le réduisant au marabout-bout-de-ficelle freudien, ce qui semble avoir satisfait tout le monde. Pourquoi autant d’enthousiasme à faire rentrer une méthode dans une autre ? Parce que 70 ans après Desoille, les théoriciens se cassent les dents sur cette satanée logique de l’image qui a l’air de se passer très bien de leurs services. Car même si les praticiens s’acharnent à « décoder » les représentations émergées durant les séances (sur le mode « vous avez vu une poule, ça veut dire que »), il semble que le RED soit efficace par lui-même et la phase interprétative, facultative. L’intérêt de la technique pourrait même consister justement en ce qu’elle court-circuite la classique suprématie du langage au profit d’une logique de l’image. De là, la grande frustration des chercheurs et des patients obsédés par le sens. Pour pallier le problème, les thérapeutes ont donc ressorti leur joker de « mise à jour de contenus inconscients ». Et si l’on se tourne de l’autre côté, la technique étant tombée dans l’escarcelle du New Age, on y trouve (bradés pas chers mesdames profitez de mes soldes), des « mobilisations de structures d’apprentissage innées », des « déclencheurs d’aptitudes inhérentes au moi profond » et même des histoires de vies antérieures, Romey lui-même nous déterre Janov, l’inventeur du cri primal… C’est pas avec ça qu’on va s’en sortir. Quant aux adeptes de cette technique prometteuse qui auraient pu louvoyer entre les deux tendances ou en inventer une troisième, ils ont apparemment préféré épouser les délires New Age ou regarder les psychanalystes ranger l’outil dans leurs tiroirs et l’y laisser prendre la poussière. Dommage.
Melmothia, 2007.
(1) Georges Romey, extrait de l’article « La technique du rêve éveillé dirigé », sur le site de la Fédération Nationale de Relaxologie.
Bijoul Melmothia.
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Merci
Toi aussi, tu es un adorateur du grand Stan ? Tsss… Tu sais où je vais te les envoyer, les bougies ? 🙂