Par Melmothia
Le jeu ordinaire de 32 ou 54 cartes, est couramment utilisé en voyance depuis le XVème, c’est-à-dire environ un siècle après leur apparition en Europe (car non, les hommes préhistoriques ne tiraient pas les cartes et la belotte n’est pas une invention atlante). A l’origine, elles sont peintes à la main comme de vrais tableaux et donc réservées à une élite, mais rapidement l’utilisation de pochoirs permet de les fabriquer en série. Les cartes se démocratisent et deviennent un jeu populaire. Au XVème siècle, l’imprimerie permettra leur production en grande quantité.
Leur nombre (54) et leur répartition en Roi, Dame, Valet, etc. se stabilisent très tôt. Par contre, les symboles des 4 séries varient selon les époques, les régions et les artisans. On rencontre ainsi des divisions en plantes, fleurs, objets, animaux… Et donc voici le célèbre Roi des Glands:
Quant aux enseignes françaises, trèfles, piques, cœurs et carreaux, elles dateraient du règne de Charles VII.
A la différence des Tarots et de la plupart des oracles, les cartes ordinaires ne présentent aucune illustration évocatrice et sont très pauvres en symboles. Reformulé trivialement, on pourrait dire que les dessins sont plus proches du panneau Interdit de stationner que d’une fresque de Michel Ange. De là, les livres qui traitent de cartomancie préconisent d’apprendre par coeur les significations des cartes et leurs combinaisons, tout en vous prévenant que leur nombre est quasiment infini. Voilà par exemple ce qu’un auteur au pseudonyme de Laila Shemesh nous en dit :
« Tirer les cartes nécessite une attention et une concentration continuelles: chaque carte du jeu a son importance en fonction même de la carte que l’on se propose d’interprêter (et dont le sens peut être modifié ou éclairci par une carte voisine) ; c’est pourquoi une interprétation qui ne tiendrait pas compte de toutes les cartes en présence risquerait de fausser la prédiction. De même, la mémoire est une autre qualité indispensable au cartomancien, qui doit connaître non seulement les multiples significations des cartes françaises, espagnoles et italiennes mais aussi celles des Tarots et doit posséder de surcroît toutes les séries de combinaisons possibles au sein d’un même jeu. » (1)
Présenté ainsi, le voyant est plus proche du super-calculateur que de la Pythie de Delphes. Approche discutable alimentant la vieille opposition tout aussi discutable entre cartomancien et « vrai » voyant. En ce qui me concerne, je laisserai ça aux auteurs qui, après vous avoir assommé de 200 pages de combinatoires à apprendre à par cœur vous parlent du fameux « don de naissance » ! Or, s’il est vrai que ce support se prêtant mal à une voyance inspirée, il est indispensable de s’appuyer sur le sens conventionnel, aucun cartomancien ne travaille uniquement grâce à des combinatoires apprises par coeur. Les approches sont toujours mêlées et les pistes fournies par les cartes vont permettre des ressentis qui les débordent largement.
Les figures étant les seuls éléments présentant des images, elles vont être investies en priorité du point de vue du sens. De même pour le sens général des suites. Ainsi, les Coeurs signifieront, de façon très originale, les sentiments. Pour les cartes non figuratives, il est plausible que le sens se soit fixé d’après la cuisine divinatoire des cartomanciens de différentes époques. A ma connaissance, personne ne tient compte de la symbolique des chiffres dans cet art divinatoire, mais je peux encore être surprise.
Coeurs (les Coupes du Tarot) Emotions, sentiments, liens de parenté, amitiés, amours.
Carreaux (les Bâtons du Tarot) Communication, déplacements, mouvement en général.
Piques (les Epées du Tarot) Pouvoir, action offensive, problèmes divers
Trêfles (les Deniers du Tarot) Argent, possessions, gains Les figures, reines, rois et valets auront naturellement tendance à représenter des personnes.
Les voyants utilisant les cartes ordinaires en divination ont tendance à écarter les petites cartes (de Deux à Six) pour garder les 32 plus hautes, du Sept à l’As, mais il est bien sûr possible de conserver tout le paquet.
Il existe de multiples combinatoires détaillés dans les manuels, ce qu’on appelle les rencontres. Sans se transformer en calculatrice, certaines sont intéressantes à retenir :
Trois sept : grossesse
Quatre as : Réussite, prospérité
Beaucoup de figures : assemblée, monde
Beaucoup de valets : entourage de jeunes gens, d’enfants.
Quatre dames : ragots, rumeurs
Huit de carreau + huit de piques : examen médicaux, hospitalisation.
Dix de piques + neuf de piques : danger de mort
Melmothia, 2007.
(1) Comment prédire l’avenir avec les cartes, Laila Shemesh, De Vecchi 1975
Bonjour, je viens de découvrir votre blog et je le trouve très bien ! ☺️ Merci du partage 👍 avez vous une suite pour les cartes de 2 à 6?des exemples de tirage ? Bonne continuation.