Par Endemoniada
A l’approche des beaux jours, le carnet de rendez-vous des instituts de beauté s’étoffe d’une clientèle désireuse de « faire les foins » pour employer une expression issue d’un jargon esthète.
Exorcisant la douleur à grands renforts de aïe ou de ouïlle, hommes et femmes, se font arracher tout ou partie de leur système pileux pendant que leur conjoint, dans la salle d’attente, en fait de même avec ses cheveux en consultant les tarifs. Mais en laissant ces descendantes d’Attila leur désherber le maillot, ces êtres en quête de sensations fortes sont-ils conscient qu’ils influent sur leur destinée ?
C’est la question que je me suis posé en parcourant Enquête chez les voyants de Jean-Pierre Desmond et Pierre Goulène. A la page 209 de ce parfait manuel de la chasse aux sorcières, les auteurs, au terme d’une interminable énumération de mancies, nous révèlent sans trop de surprise que le corps humain se positionne en «terrain privilégié de la lecture divinatoire».
Jusque là, me direz-vous, rien de nouveau sous Mme Soleil, la chiromancie qui consiste à lire les lignes de la main est depuis longtemps rentrée dans les mœurs. Moins connue, la pratique de l’oxymancie qui utilise comme support les ongles ou les cheveux semble capillotractée mais il n’y a toujours pas de quoi fouetter une chatte. Pourtant, une ligne plus bas, on sort ses griffes lorsqu’on apprend qu’il existe une forme de divination basée sur l’observation des poils pubiens ou de la forme des sexes.
Diantre, si j’avais su que mes boules étaient en cristal, je les aurais lustrées au Monsieur Propre pour faciliter les visions.
A la seule évocation de ces pratiques, l’esprit critique réalisera immédiatement que sans vaseline, on glisse de voyance à voyeurisme, les marabouts ayant recours à de tels supports ne laissant généralement de traces que dans les annales des tribunaux.
J’ai effectué quelques recherches pour me documenter sur les techniques utilisées, notamment pour savoir où le poil pubien devait être capturé pour pouvoir en extraire le sébum divinatoire.
Doit-il être interprêté dans son milieu naturel, autrement dit sur le sujet ou en revanche, doit-il se joindre à celui qui pousse dans la paume d’un voyant fainéant? Mystère et boules de gomina, même en allant me faire voir chez les grecs, je n’ai même pas réussi à trouver le nom savant de cette discipline.
Certes, l’ouvrage auquel je fais référence date de 1978, époque à laquelle on laissait la pilosité en friche quelque soit l’endroit où elle prenait racine. En ces temps reculés, le voyant qui consultait les poils pubiens n’avait que l’embarras du choix, les photos de nu de l’époque témoignent de l’étrange similitude entre un camp de naturiste et un jardin botanique. Mais de nos jours, avec l’avènement du filet ou de la coupe à la Barthez, l’extralucide serait aveuglé par ce phénomène de mode et bien emprunté pour faire tourner des tables rases.
Endemoniada 2007
Source : Enquête chez les voyants, Jean-Pierre Desmond et Pierre Goulène, Editions Alain Moreau, 1978.
** Dans un article paru en 2003, le journal en ligne «20 minutes» relate l’arrestation d’un marabout de 48 ans d’origine guinéene s’étant rendu coupable d’abus de baguette magique sur l’une des ses consultante. Après lui avoir fait absorber un brevage destiné à altérer sa capacité de discernement, l’escroc a abusé d’elle en lui administrant sa magie blanche liquide par voie sexuelle en la dépouillant au passage de la modique somme de 150 euros. Y’en a qui «spermettent» n’importe quoi sous prétexte que les voies divines sont pénétrables…
** En recourant aux services d’un marabout en 2005 comme en témoigne un article issu du journal Marianne, une suissesse y a laissé sa culotte propre et figurée. Cette helvête s’est faite délester de 30’000 FS correspondant à son âge (30 ans), de 32’000 FS suivant une même logique comptable basée sur celui de son mari et de 7000 FS destinés à acquérir des vaches en Afrique pour les sacrifier. Ensuite, le praticien lui a demandé de lui offrir sa culotte avant de prendre ses jambes à son cou. Résultat des courses : Le miracle n’était pas à l’arrivée puisque l’escroc court toujours et les relations du couple n’ont pas franchi l’obstacle.